Forum › Récits de courses › Saintélyon 2011
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07/12/2011 à 15:54
Bonjour amies et amis de l'endurance et des sensations endomorphiques (adjectif invention du moment),
Avant que les souvenirs ne s'effacent trop, petit récit de la course, mais aussi de l'avant course et des semaines qui précèdent.
ATTENDRE PEUT-ÊTRE LE RECIT DE PA DANS LE JOURNAL AVANT DE LIRE CELUI-CI, JE NE VOUDRAIS PAS LUI BRÛLER LA POLITESSE D'UN RECIT DE COURSE. JE VOUS LAISSE JUGE.
Pas facile de passer à travers toutes les grippes et autres microbes qui traînent en cette fin d'automne. Autant dire que la panique s'est vite installée durant les deux semaines d'avant course; chaque collègue malade est regardé de travers, aération bureau quasi continue, méfiance maniaque. A cela vous ajouter des allers-retours compulsifs sur les sites météo: deux mois de beau et une perturbation annoncée pour le week-end fatidique. Il y a de quoi en perdre le sommeil.
Passé le stade panique, reste les heures de trouille dans la salle de sport de Saint-Etienne. Pleuvra, pleuvra pas? Froid oui, mais comment? Un peu de poids dans le sac à dos et l'assurance d'être au sec ou sûr de soi et hardi petit sans sortie de secours question vêtement. Finalement, il pleuvait une heures avant le départ, de plus en plus légèrement, puis plus du tout sur la ligne à minuit. Tant pis je porterai ma veste Gore Tex dans le sac à dos durant 70 km, finalement sur 83 kg on peut s'accomoder de 400 gr.
Départ en ville de plus quelques milliers de relais à minuit moins dix, futurs laboureurs de parcours. Départ ensuite d'environ 4000 coureurs en solo selon la terminologie française. Très calme et bien ordonné, chacun marche jusqu'à la ligne et court dès le portique passé. Aucune bousculade, parfait. Banlieu de Saint-Etienne, pas folichon, mais je m'y attendais. Par contre première bosse arprès moins de deux kilomètres et une deuxième à peine plus loin, un peu surpris tout de même. Clair que les 1300 m de dénivelé positif sans réelle grosse et longue montée, il va falloir les trouver dans l'addition de ces côtes casse-pattes. C'est large, ça court bien, ambiance bonne enfant, une moto caméra régionale suit et interroge des coureurs: Qu'est-ce qui vous pousse à courir de nuit, sous la pluie, dans la boue et pendant 70 km? Réponses variées et sympas.
Au huitième km environ, nous quittons la grande route pour un chemin très raide, premiers marcheurs en montée. Le ton est donné pour les montées, cela n'arrêtera pas de monter surtout et descendre parfois jusqu'au 18 km environ. Pour le revêtement, la surprise est encore à venir. Je pense au 9 ou 10 km, nous attaquons le chemin typique label Saintélyon, soit un espèce de chemin mi-vache, mi jeep où il n'est pas possible de courir dans les ornières trop étroites et courir sur le haut de la bosse tient de l'équlibrisme. Entre le haut et les ornières, il y a des cailloux répartis de manière très irrégulière et très souvent des flaques impressionnantes. Une erreur flaque peut coûter une belle peau molle cloques à la clé, voir une sensation pied froid bien déséagréable. Jouant un peu des bras dans les descentes avec d'autres concurrents aussi en déséquilibre et remontant tranquillement d'autres dans les côtes, j'arrive au premier ravito. La gourde a été bue au 10è km,comme prévu. Un verre de thé. C'est un trail, chacun porte son gobelet et aucun gobelet ne traîne aux stands. Ensuite remplissage de bouteille PET à gros goulot, qui ne me quittera, toujours pleine au cas où.
Sortie de stand quasi vertical en plein village. J'enlève ma chaussure gauche et quelques petits cailloux, puis repart sur un rythme tout de même assez rapide. Je trouve l'explication au 20 km, c'est pas rapide ça par contre, en comprenant que tous les dossards rouges qui nous accompagne sont des relayeurs et que nous sommes mélangés depuis un moment. que nous les avons rattrapés. Piège connu pour le rythme aprait-il, je viens de comprendre, première participation, on peut pardonner. Le point culminant devrait arriver selon les souvenirs du profil de course tout de même un peu étudier avant le départ. Toujours très boueux, mais au moins du 20 km environ au 30 km env – souvenirs confus, nous courons parfois sur des crêtes et on ose de temps à autre lever la tête pour jeter un coup d'oeil au paysage. Et c'est vrai, que par là, je devine une belle nature. Panneaux des 40 km, à peine un marathon, j'y suis presque. Puis entrée en forêt et descente mortelle sur le ravito suivant. Chute impressionnante devant moi d'un type qui vient de doubler et qui semblait à l'aise. Personne ne s'affole, ça a l'air d'être monnaie courante. Ravitaillement soupe aux légumes bien salées. Parfait. Rallonge d'eau dans la gourdre. Je repars du stand en buvant la soupe dans mon gobelet, environ 500 mètres de marche. Le 35 km n'est pas loin, bientôt le countdown.
Campagne, montées, descentes, route, descente goudron bien raide, un peu de brouillard. Panneau de 35 km, pas mal suis assez content, cuisse un peu lourdes, mais pas de coup de barre. Descente glissante bien négociée, une, deux, trois. Calmos, puis badaboum assorti d'un retentissant merde dans la nuit noire. Chute sur le genou gauche, fauché comme une crêpe, je m'étale de tout mon long. Panique, tout de suite debout, je me force à courir immédiatement. Pas d'alerte sur la hanche, le genou tape, le tibia brûle un peu. Comme pour le reste, je ferai avec. Enervé contre ce coup du sort, je rejoint le ravito suivant en espérant.
Viennent alors environ 10 km de longue et très légère descente assortis ci de là de montée bien sèches en sous-bois ou en sortie de village. Mes cuisses chauffent, j'en suis presque vexé, je me croyais un peu plus résistant au freinage. J'en viens à attendre les montées et les faux-plats montants pour me reposer et retrouver un rythme agréable. Ce sera le passage de la course où comme l'on dit on coure avec la tête. Traversées de vergers, villages au loin, vallée industrielle en contre-bas illuminées de mille feux. Belle ambiance, cuisses qui chauffent, c'est bien un trail long, pas d'erreur possible. Pas un panneau depuis celui du 35 km. Bon, j'ai dû le louper. Effectivement, un village. Public tout excité à encourager ces relayeurs. Je suis à 25 km de l'arrivée. Soupe de légume, un gel, un peu de flotte. Gourde remplie pour la suite. Tout ok.
Sortie de village un peu fraîche, bien trempé, je remets mon bonnet et mes gants pour un rapide réchauffement. Redémarrage entre le courage et la routine. Un peu ras le bol, mais c'est normal. Trop fier pour lever le pied, je modifie légèrement mes pas. Plus rasant, plus ceci, plus cela, plus court, plus long, Je m'occupe comme je peux pour éviter à la cuisse droite de trop chauffer. Je pense avoir insconsciemment reporter un peu de charge sur cette jambe suite à la chute. Une fois de plus, je ferai avec. Et du coup, je loupe tout les panneaux, je suis mes petits camarades et arrive assez surpris au ravito du 57 km. Surpris mais content. Soupe chaude. Miam-miam: rien du tout, je bois seulement. Mini streching. Moteur. Le récit de Marie me revient. La côte mortelle attend.
A peine sorti de la tente, que se dresse devant nous, une belle et impressionnante côte de plus d'un kilomètre dont le pourcentage ne laisse froid que les vignerons du Lavaux. Je savoure alors le retour sur investissement de nombreuses montées à la Tour de Gourze et passe en marchant vite cette satanée bosse, dès que le pourcentage baisse je cours. Panneau des 10km.
Je regarde alors pour la première fois ma montre à deux balles qui a pris l'eau. Je ne comprends pas si je vois l'heure – qui d'ailleurs est fausse mais je ne sais plus de combien – ou le chrono. Dans la buée, je distingue un 740, coup au moral. La vache, je vais faire mes huit heures et demi, je pensais avoir avancé un poil plus vite. Tout au feeling, faut aussi assumer. Pour la dernière fois, je ferai avec.
La descente sur Lyon commence, souvenir des 100km, ça descend mais on peut pas aller plus vite qu'au plat. Bien frustrant, mais c'est pas la première fois, ça passe mieux. Je tente tout de même d'allonger. Je rejoins ainsi les escaliers qui vont nous mener au bord de Saone. Petits sauts prudents de marche en marche. Virages secs et arrivée au bord de l'eau. C'est parti pour 6 ou 7 km mortels, tout droits, pas un rat, la ville dort, nous courons, encore et toujours. Ah si du monde: boîte electro, lumière violette futuriste du nouveau quartier lyonnais fierté architecturale. La belle jambe que ça me fait, pas vraiment en état d'apprécier. Toujours tout droit. Retour sur nos pas, une espèce de presqu'île point de jonction des deux fleuves lyonnais. Deuxième pont. Arrivée à plus d'un kilomètre entend-on. Je cours avec une fille qui tente de rattraper celle qui de moucher un bon paquet de mâles il n'y a pas cinq minutes. Je remets le machisme au milieu de village et ravale ma salive d'admiration pour ces impressionnantes femmes. Ce sont les 3, 4 ou 5ème je crois. Sapins et arbres colorés. Je trouve ça beau, ça sent l'arrivée. Le stade en vue, la chaleur aussi. Comme quasiment tout le monde, accélération bien vaniteuse sur les deux cents derniers mètres. Tapis bleu. Entrée dans le Palais de sports surchauffé. C'est une belle course, aucun doute possible maintenant. Je me relâche et rejoint la compagnie des boiteux démarche pas fière, mais gueules irradiées de leur secrète fierté.
A plus les cocos, bonne suite.
PS: récupération ok, peut maintenant recourir (si je voulais, mais je veux pas, cette semaine je bois. Na). Bon ça tout le monde s'en fout, comme le reste vous me direz, c'est juste pour dire que finalement, on s'en remet assez vite et c'est plutôt encourageant pour ceux qui voudraient tenter le coup. A replus.
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07/12/2011 à 17:19
vivement que le trimag sorte car j'aimerais bien aussi raconter ma course, mais comme j'ai courus avec PA si je la raconte je raconte le sienne.
en tt cas je suis déçut d'une chose : j'arriverais déjà à recourir, j'ai plus mal nul part sauf aux pieds (2 ongles en -) et pareil je récupère à l'alcool (vivement l'AG)
bravo à toi en tt cas.
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08/12/2011 à 07:08"Ouistiti" wrote:
en tt cas je suis déçut d'une chose : j'arriverais déjà à recourir, j'ai plus mal nul part sauf aux pieds (2 ongles en -) et pareil je récupère à l'alcool (vivement l'AG)
bravo à toi en tt cas.
Ben merde pour les ongles
, je ne sais pas si c'est rassurant, mais sous les douches un type disait avoir perdu 6 ongles
(sans préciser la répartition sur les deux pieds)
Aussi les ongles plein de terre lyonnaise? Chez moi la terre s'accroche depuis quatre jours autour de tous les ongles des pieds comme inscrustée, dernier souvenir avec la croûte du genou.
Je dirais tout de même, attention les pieds, depuis une année, exactement mai 2010, mes uniques problèmes viennent de tension sous les pieds, et ou, de douleurs passagères sous le talon. Je sais maintenant pourquoi, une paire de chaussures un poil trop petite avec double erreur d'un lavage en machine et plus d'un an pour que cela parte totalement.
Donc soin des pieds total. Rabais Rushteam dans un salon de beauté pour les membres ?
Je dirais pas non.
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