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21/08/2011 à 19:14
Ma préparation pour la saison 2011 a été ponctuée de blessures récurrentes qui m'empêchent encore de courir de manière prolongée sans conséquences directe ou sans fortes douleurs le lendemain. J'ai du donc faire l'impasse sur les épreuves de course à pied et de triathlon.
A défaut, j'ai décidé de participer au Grand Raid Verbier Griementz.
Peu préparé, avec des kilogrammes en plus et des kilomètres en moins je me dis que je vais y aller dans une optique course plaisir plutôt que compétition.
A 6h30, samedi matin, nous sommes donc un peu mois de 600 à nous élancer de Verbier pour le grand parcours. Je me suis placé assez loin de la ligne, de toute façon ça monte pendant la première heure. Départ à la montée, avec une petite variante cette année, puisque les organisateurs nous font monter tout d'abord aux Ruinettes pour ensuite rejoindre la Croix de Cœur à flanc de coteau. Les mauvaises langues diront que c'est pour préserver le record d'Alex Moos (le régional). C'est possible car cela rajoute un petit peu de distance et une montée plus sèche, de plus, du côté de Nendaz il y a aussi eu un petit virolet supplémentaire par rapport à l'année du record.
Dès le départ donné, je sens que je ne suis pas dans un bon jour. Je n'arrive pas à appuyer sur les pédales, et je suis contraint à adopter un rythme assez tranquille. Après les Ruinettes c'est assez sympa avec un chemin très roulant et passage par un petit tunnel avec sono à fond pour nous mener à la Croix de Cœur. Lors de la bascule, j'ai le dérailleur avant qui ne répond plus. Il est bloqué sur le petit plateau. Je ne peux pas vraiment pédaler à la descente, mais je me dis que ce n'est pas trop grave vu qu'il devrait y avoir un mécanicien en bas, à La Tsoumaz. Je descends tant bien que mal (plutôt mal que bien) sur un chemin au revêtement très instable.
En bas de la descente, je m'arrête chez le mécano qui constate après avoir retendu le câble, que la manette ne fonctionne plus. Je lui demande de me régler le dérailleur en position fixe, sur le plateau du milieu; au moins la plage est utilisable. Deux minutes plus tard je suis à nouveau en selle. Mais ça n'est pas génial: la chaîne frotte sur la fourchette et a tendance à tomber. De plus, en roulant, je me dis que la montée sur l'A Vielle est quasiment impensable sur le plateau du milieu. Je décide donc d'effectuer un deuxième arrêt à la prochaine occasion. Je trouve un nouveau poste d'assistance technique du côté de Nendaz après 25km de course. Là les choses se compliquent. Il faudra pas mal de temps pour effectuer une réparation à peu près correcte, finalement pas si compliquée puisqu’il suffisait de remplacer câble et gaine pour que tout rentre dans l'ordre. J'ai du perdre près d'une demi-heure dans l'histoire et lorsque je rejoins la course je suis parmi les derniers. Cela pose quelques problèmes dans les passages techniques et il faut un peu se faufiler pour trouver un passage. Le dérailleur avant fonctionne bien, mais c'est maintenant les vitesses qui ne passent plus, ça croche, ça saute,
et je dois jouer du tendeur et de la manette pour arriver à rester sur un rapport. J'ai pu trouver une méthode: pour mettre un rapport supérieur, monter de deux crans et revenir d'un cran immédiatement, mais le résultat n'est pas toujours satisfaisant et si ça marche dans un sens ça ne fonctionne plus dans l'autre. Malheureusement, ces problèmes iront en s'intensifiant et me chicaneront sur le reste de la course.
Après Nendaz, le parcours qui nous mène aux Colons est assez ombragé et on ne ressent pas encore les effets de la chaleur. Depuis les Colons commence la descente sur Heremence, tout d'abord dans les pâturages, c'est assez creusé et physique puis on repasse sur la route goudronnée (dommage) où on prend beaucoup de vitesse. Il reste plus de 80km et je suis déjà bien entamé. Je prends une gourde d'Isostar (elles sont toujours pleines ici), mais celle-ci n'est vraiment pas assez diluée. Pouah! Je m'arrête à une fontaine pour arranger cela.
Un peu plus loin, on attaque la deuxième grosse difficulté: la montée sur Le Mandelon. La route est goudronnée et comme d'habitude je monte debout sur un assez gros rapport. Je vais un peu plus vite que les autres, mais je commence à sentir les effets de la chaleur. J'ai l'estomac en vrac, et je n'ai pas vraiment envie de m'alimenter. J'en reste au gels et boissons sucrées. Je m'arrête un moment au ravitaillement pour descendre un coca et manger un kiwi qui passe nettement mieux que mes barres céréales. La suite sera pénible, le chemin est assez raide et j'ai de plus en plus de peine. Arrivé à la partie technique, je n'arrive plus à piloter mon vélo sur les cailloux et
je suis contraint à descendre à chaque passage un peux scabreux. J'ai la tête qui tourne, ça ne va pas trop fort… Heureusement toute chose à une fin et je peux entamer la longue mais belle descente sur Evolène. Problème: je commence à avoir des douleurs dans le dos, et je ne sais plus comment me poser sur le vélo. ça va mieux si je suis assis, mais ce n'est pas la meilleure position en descente.
Je profite du ravitaillement d'Evolène pour taper à nouveau dans les Kiwis et descendre un ou deux cocas. Il fait vraiment chaud et je me dis que la montée sur Eison puis sur l'A Vielle va être difficile. Effectivement, je ne me suis pas trompé, la première partie est vraiment pénible, je n'ai plus de jus et je souffre de la chaleur. Arrivé à Eison, je m'arrête à nouveau. Les arrêts aux ravitaillements sont à chaque fois plus longs. Je repars sans trop de conviction. J'ai l'impression d'avoir retrouvé de nouvelles forces mais décide de rester sur le même rythme. Malheureusement, ce sera de courte durée, et la montée sur l'A Vielle se fera sans énergie aucune et dans la douleur. Je ne suis pas le seul à souffrir, à chaque coin d'ombre, il y a un concurrent qui essaye de récupérer, d'autres font des étirements. Pas mal poussent le vélo bien qu'on soit encore loin du sommet. Les poignets me font mal ainsi que le dos. Je monte tellement lentement, que finalement, je décide de pousser aussi sur 5 minutes histoire de soulager mon dos. Je remonte sur le vélo pour arriver péniblement à l'A Vielle. Il est 15h15 et le temps limite de passage est de 16h00. Il va y avoir pas mal de monde hors délai. (entre temps, vu les conditions, l'organisation a repoussé le temps limite à 16h30). Je prends du bouillon qui semble passer un peu mieux que les boissons sucrées.
Reste encore le Pas de Lona. Je me dis que le plus dur est derrière moi et que ça devrait passer un peu mieux vu que je vais solliciter d'autres muscles. Que nenni! Impossible de porter le vélo sur plus de trois pas sans commencer à voir les étoiles. Une seule solution: pousser. Le long chemin de croix commence et il se fera très très très lentement. Mais bon, de toute façon pas moyen de faire autrement et même si je suis archi-cuit je n'ai pas l'intention d'abandonner. Je finis quand même par arriver au sommet, et la descente, pourtant pas si difficile se fera au pas de sénateur. Je ne suis plus trop lucide et je n'ai pas envie de tomber. Il reste encore une petite bosse pour passer la Basset de Lona. Je ne me pose même pas la question: je pousse le vélo.
Enfin arrivé au dernier sommet, il ne reste plus que 15 kilomètres de descente, et j'en avais gardé un assez bon souvenir lors de ma dernière participation. Malheureusement, j'ai le dos qui me fait tellement mal que je suis obligé de rester assis et même dans cette position, je dois serrer les dents. Quelques passages techniques et traversées de rivière négociés avec plus ou moins de style vu l'état. Finalement je passe la ligne en 10h38 complètement cassé et à bout de forces.
Il est certain qu'il aurait été plus judicieux de s'inscrire sur un parcours plus court, mais pour moi le Grand Raid est synonyme d'épreuve d'endurance… et même si j'en ai bavé du début à la fin, je garde quand même un excellent souvenir de cette journée. Organisation tip-top, bonne ambiance et beaux paysages.
Concernant mes ennuis mécaniques, j'ai finalement trouvé l'origine des problèmes en course. J'avais remplacé tous mes câbles et gaines deux semaines avant la course, mais je n'ai pas utilisé les bonnes ferrules, ce qui a provoqué la destruction progressive de la gaine et a affecté le bon fonctionnement du sélecteur. Pas de chance car j'avais testé mes changements sur une longue sortie et cela n'avait pas posé de problèmes. Ceci dit, le matériel est soumis à rude épreuve dans ce genre de courses.
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22/08/2011 à 06:36
Bravo Gilbert.
Belle course tout de même. Il y a vraiment toujours des surprises (bonnes et mauvaises) dans ce genre d'épreuves.
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22/08/2011 à 07:22
Finisher, c'est l'essentiel!
Et bravo pour ta course quand même!
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Anonyme
Chapeau et bravo Gilbert pour ta ténacité : une seule porte de sortie, la ligne d'arrivée !
Tu es toujours fidèle à toi même et fait honneur aux sportifs d'endurance.
Bonne récupération.
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