Forum › Récits de courses › IronLeman – demi distance – 23 août 08
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30/08/2008 à 14:57
Comme l’a dit Philip, il y avait bien longtemps que je n’avais pas traîné
mes guêtres dans un triathlon. Le but avoué de cette inscription est de
passer une semaine tranquille pour mon foie et mon estomac sachant que
les jours qui précédent la rentrée scolaire sont prétexte à toutes les
retrouvailles et riches en souper. Le spectre du samedi, un semi Ironman
avec quelques montées à vélo, a relativement bien fonctionné si trois
soirées bien tassées sur cinq jours peuvent être considérées comme plus
bénéfiques qu’une sortie chaque soir. Bref être sage demande bien des
efforts.
Revenons à nos moutons. Réveil à cinq heures et départ en vélo, sac au
dos bien chargé. A six heures sur place pour apprendre, et cela donne le
ton, que les inscriptions internet “n’ont pas joué” et que chacun peut
remplir un formulaire. Sous une pluie fine, éclairé d’un briquet ou d’une
lampe de vélo, les triathlètes sont d’abord studieux. Appel du chef de
course: briefing dans cinq minutes. Et quel briefing. Digne d’un départ de
TDFO, dont je ne citerais que celle-ci: “Lors de notre passage en France,
si on (ndlr: la police) vous pose des questions, vous êtes un groupe qui
s’est rencontré au hasard des routes, le chemin des autorisations était
vraiment décourageant, il aurait quasiment fallu avoir l’aval de Carla.”
Puis explication classique, applaudissement des organisateurs,
avertissement contre le vol possible dans le parc à vélos. Et clou du
départ : la chanson du triathlète sur un air patriotique connu.
Signature et départ dans une eau agréable bien que très opaque. Tableau
idyllique et petit couac, bien que ressenti comme un gros moment de
panique. Après une centaine de mètres, impossible de reprendre mon
souffle. La combinaison restée à la cave depuis la dernière sortie de
Vevey en 2000 est réellement trop petite. Abandonner : il n’en est pas
question. Allons-y pour une brasse qui sauvera les dégâts. Mais rien n’y
fait, toujours aussi essoufflé. Je décide alors d’ouvrir ma combinaison
pour me libérer de ce carcan angoissant. Bonne et mauvaise idée. Je
traîne une immense ramassoire à eau. A la bouée des 300 mètres, je la
referme tant bien que mal, puis opte pour un mixte brasse et crawl tête
hors de l’eau. A la deuxième bouée, toujours aussi oppressé, je reprends
un crawl au ralenti. Miracle ça tient. Deuxième tour sur le même mode et
je sauve la course du naufrage. Sortie et arrivée au parc vélo sans courir.
Changement complet. Il pleut légèrement. Une belle tartine de Nutella et
j’attends le départ d’un groupe vélo. On annonce une série partante peu
après. Il semble qu’une dizaine de cyclistes se présentent. Premier virage
à la sortie du Parc du Bougeret, nous sommes quatre. Je ne sais pas où
sont passés les autres. Toujours est-il que nous resterons ensemble
jusqu’à la Corniche. Le groupe s’étire en direction de Chexbres, ascension
d’échauffement et se rejoint au bas de la deuxième corniche à l’entrée de
Vevey. Nous restons ensemble avant que je ne crève à Montreux. Je
répare, bien calme vu l’état d’esprit qui plane sur la course. Quelques
cyclistes passent. Tous de l’IronLeman, ce jour de pluie et à cette heure
ce sont les seuls sur les routes. Remise en route et attaque de la montée
dès Montreux direction Chernex, Vallon de Villars et les Pléiades. Longues
montées parfois un poil raide pour rester assis qui s’élève au-dessus du
lac entre villas, pâturages et forêts. Grimpette dans la solitude la plus
complète. Le truc des groupes qui discutent et le drafting autorisé cool
max, avec des parcours comme celui-ci, cela ne veut plus dire grand
chose. Et tant mieux, cela ajoutait au côté aventure de l’entreprise.
Brouillard naissant au sommet. Pas une âme qui vive. Ambiance parfaite
pour moi. J’adore. Descente à Blonay. Puis remontée à Chatel-Saint-
Denis pour un retour par Chardonne, Chexbres, Lutry. Petite variante
personnelle : sans cadenas et un peu soucieux pour mon vélo, je passe
chez moi au retour avec une belle pente Lutry-Saint-François. On est
plus à ça près.
Deuxième changement. Un bouillon de bœuf, une signature pour l’auto-
contrôle des passages. Il me semble avoir vu onze quarante cinq sur un
clocher à la fin du vélo. Je pars à pieds. Le parcours est simple : Vidy
camping de Morges, en faire le tour et retour. Les ravitaillements sont
extrêmement exotiques : il s’agit d’un gros carré orange sur le sol qui
indique les fontaines. Comme bien stipulé dans le règlement :
ravitaillement personnel et chaque coureur responsable des ses déchets.
Un must je vous dis. A hauteur de la plage de Préverenges, je croise le
premier CNN Nyon de retour. Quelques joggeurs du dimanche arpentent
le macadam. Des promeneurs de chien également. Des pique-niqueurs
aucun, ouf. Et du coup deuxième épreuve de solitude. La pluie a cessé, la
chaleur est douce et les moucherons sont restés au lit. A nouveau parfait.
Arrivé au centre des opérations, je demande l’heure juste pour voir. Une
faiblesse. Il est treize heures vingts. Un coca, puis un autre. Je récupère
mes affaires trempées et j’oublie de signer le livre d’or qui le méritait
amplement. Je remonte chez moi bien chargé et tout fou. Je viens de
revivre mes premiers émois sans montre ni compteur. Merci l’Ironleman.
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