IronLeman – demi distance – 23 août 08

Forum Récits de courses IronLeman – demi distance – 23 août 08

  • Comme l’a dit Philip, il y avait bien longtemps que je n’avais pas traîné

    mes guêtres dans un triathlon. Le but avoué de cette inscription est de

    passer une semaine tranquille pour mon foie et mon estomac sachant que

    les jours qui précédent la rentrée scolaire sont prétexte à toutes les

    retrouvailles et riches en souper. Le spectre du samedi, un semi Ironman

    avec quelques montées à vélo, a relativement bien fonctionné si trois

    soirées bien tassées sur cinq jours peuvent être considérées comme plus

    bénéfiques qu’une sortie chaque soir. Bref être sage demande bien des

    efforts.

    Revenons à nos moutons. Réveil à cinq heures et départ en vélo, sac au

    dos bien chargé. A six heures sur place pour apprendre, et cela donne le

    ton, que les inscriptions internet “n’ont pas joué” et que chacun peut

    remplir un formulaire. Sous une pluie fine, éclairé d’un briquet ou d’une

    lampe de vélo, les triathlètes sont d’abord studieux. Appel du chef de

    course: briefing dans cinq minutes. Et quel briefing. Digne d’un départ de

    TDFO, dont je ne citerais que celle-ci: “Lors de notre passage en France,

    si on (ndlr: la police) vous pose des questions, vous êtes un groupe qui

    s’est rencontré au hasard des routes, le chemin des autorisations était

    vraiment décourageant, il aurait quasiment fallu avoir l’aval de Carla.”

    Puis explication classique, applaudissement des organisateurs,

    avertissement contre le vol possible dans le parc à vélos. Et clou du

    départ : la chanson du triathlète sur un air patriotique connu.

    Signature et départ dans une eau agréable bien que très opaque. Tableau

    idyllique et petit couac, bien que ressenti comme un gros moment de

    panique. Après une centaine de mètres, impossible de reprendre mon

    souffle. La combinaison restée à la cave depuis la dernière sortie de

    Vevey en 2000 est réellement trop petite. Abandonner : il n’en est pas

    question. Allons-y pour une brasse qui sauvera les dégâts. Mais rien n’y

    fait, toujours aussi essoufflé. Je décide alors d’ouvrir ma combinaison

    pour me libérer de ce carcan angoissant. Bonne et mauvaise idée. Je

    traîne une immense ramassoire à eau. A la bouée des 300 mètres, je la

    referme tant bien que mal, puis opte pour un mixte brasse et crawl tête

    hors de l’eau. A la deuxième bouée, toujours aussi oppressé, je reprends

    un crawl au ralenti. Miracle ça tient. Deuxième tour sur le même mode et

    je sauve la course du naufrage. Sortie et arrivée au parc vélo sans courir.

    Changement complet. Il pleut légèrement. Une belle tartine de Nutella et

    j’attends le départ d’un groupe vélo. On annonce une série partante peu

    après. Il semble qu’une dizaine de cyclistes se présentent. Premier virage

    à la sortie du Parc du Bougeret, nous sommes quatre. Je ne sais pas où

    sont passés les autres. Toujours est-il que nous resterons ensemble

    jusqu’à la Corniche. Le groupe s’étire en direction de Chexbres, ascension

    d’échauffement et se rejoint au bas de la deuxième corniche à l’entrée de

    Vevey. Nous restons ensemble avant que je ne crève à Montreux. Je

    répare, bien calme vu l’état d’esprit qui plane sur la course. Quelques

    cyclistes passent. Tous de l’IronLeman, ce jour de pluie et à cette heure

    ce sont les seuls sur les routes. Remise en route et attaque de la montée

    dès Montreux direction Chernex, Vallon de Villars et les Pléiades. Longues

    montées parfois un poil raide pour rester assis qui s’élève au-dessus du

    lac entre villas, pâturages et forêts. Grimpette dans la solitude la plus

    complète. Le truc des groupes qui discutent et le drafting autorisé cool

    max, avec des parcours comme celui-ci, cela ne veut plus dire grand

    chose. Et tant mieux, cela ajoutait au côté aventure de l’entreprise.

    Brouillard naissant au sommet. Pas une âme qui vive. Ambiance parfaite

    pour moi. J’adore. Descente à Blonay. Puis remontée à Chatel-Saint-

    Denis pour un retour par Chardonne, Chexbres, Lutry. Petite variante

    personnelle : sans cadenas et un peu soucieux pour mon vélo, je passe

    chez moi au retour avec une belle pente Lutry-Saint-François. On est

    plus à ça près.

    Deuxième changement. Un bouillon de bœuf, une signature pour l’auto-

    contrôle des passages. Il me semble avoir vu onze quarante cinq sur un

    clocher à la fin du vélo. Je pars à pieds. Le parcours est simple : Vidy

    camping de Morges, en faire le tour et retour. Les ravitaillements sont

    extrêmement exotiques : il s’agit d’un gros carré orange sur le sol qui

    indique les fontaines. Comme bien stipulé dans le règlement :

    ravitaillement personnel et chaque coureur responsable des ses déchets.

    Un must je vous dis. A hauteur de la plage de Préverenges, je croise le

    premier CNN Nyon de retour. Quelques joggeurs du dimanche arpentent

    le macadam. Des promeneurs de chien également. Des pique-niqueurs

    aucun, ouf. Et du coup deuxième épreuve de solitude. La pluie a cessé, la

    chaleur est douce et les moucherons sont restés au lit. A nouveau parfait.

    Arrivé au centre des opérations, je demande l’heure juste pour voir. Une

    faiblesse. Il est treize heures vingts. Un coca, puis un autre. Je récupère

    mes affaires trempées et j’oublie de signer le livre d’or qui le méritait

    amplement. Je remonte chez moi bien chargé et tout fou. Je viens de

    revivre mes premiers émois sans montre ni compteur. Merci l’Ironleman.

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